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Paroles et traduction de la chanson «Allan» par Mylène Farmer

Allan (Allan)

Le titre de cette chanson en dit long sur son contenu : il s'agit d'un hommage à Edgar Allan Poe, auteur de nombreuses nouvelles fantastiques au XIXe siècle (cet écrivain a d'ailleurs pas mal inspiré Mister Baudelaire qui, on le sait, est très apprécié de Mylène).
Plus précisément, ce texte fait référence à une nouvelle écrite par Poe : "Ligeia" (publiée en septembre 1837 dans la revue "The American Museum" pour les curieux).

Cette nouvelle raconte l'histoire d'un homme (le narrateur) qui voit sa femme (aux grands yeux noirs et aux boucles brunes) mourir sous ses yeux. Il l'aime passionnément, et c'est un véritable déchirement pour lui que de la voir s'en aller aussi vite. Juste avant de mourir, Ligeia lui demande de lire un poème qu'elle a écrit elle-même.
Devenu veuf, le narrateur se retire dans une abbaye, se détruisant à petit feu par l'opium. Il épouse plus tard Lady Rowena (blonde), mais ne l'aime pas. Tout comme Ligeia, Rowena tombe gravement malade et lutte contre la mort toute une nuit. Alors que tout semble perdu, elle se lève tout à coup. Elle se débarrasse du suaire dont on l'avait déjà recouverte... et une splendide chevelure brune retombe sur ses épaules.
Ligeia se tient là, à la place de Rowena.

Mylène s'inspire donc de ce récit de doubles.
L'oeuvre de Poe est généralement composée des thèmes tels que la mort et la cruauté, dont Mlle Farmer raffole...

Pour ce qui est du texte en lui-même, Mylène commence sa chanson par reprendre un vers du poème de Ligeia : "Paures poupées qui vont, qui viennent".
Elle décrit la mort de Ligeia dans le premier couplet :
- "Pauvres fantômes étranges et blêmes" (ici il s'agit des deux amants, l'une mourant fantôme ; l'autre dont la vie le fuit puisqu'il voit son amour périr fautôme aussi). Ou il peut s'agir d'une référence à ce passage du poème de Ligeia : "Et les anges, tous pâles et blêmes"
- "La nuit frissonne" Ligeia meurt la nuit.
- "Ton coeur fatigué d'avoir aimé" ici on peut interpréter le vers de diverses façons. Il peut etre relatif à la maladie de Ligeia ("coeur fatigué"), au chagrin du narrateur qui, après avoir tant aimé (d'où le "coeur fatigué"), se réfugie dans l'opium pour oublier... ou même à Edgar Allan Poe qui lui-même était assez cynique sur les relations amoureuses, et donc ne croyait en l'amour que s'il finissait mal.

Dans le refrain, Mylène se glisse dans la peau de Rowena, qui meurt ("tout semble revêtu d'une ombre" où l'ombre symbolise ici la mort ; "d'étranges rêveries comptent mes nuits" = en proie aux visions, elle sent le décompte des heures jusqu'à sa mort prochaine ; "L'étrange goût de mort s'offre mon corps"). Mais Rowena laisse finalement place à Ligeia : "L'étrange Ligeia renaît en moi".
On peut noter les occurences du mot "étrange", qui est un renvoi à l'univers de Poe, très mystérieux et fantastique.
Mylène s'amuse donc à noter les impressions de Ligeia/Rowena, quand Poe se contentait du point de vue du narrateur. Ainsi elle apporte sa propre dimension à l'oeuvre.

Le deuxième couplet fait une fois de plus référence au poème de Ligeia, ce qui témoigne d'une volonté de Mylène à donner la version de Ligiea :
"Masque empourpré de sang séché" est un rappel de ces vers :

"Une chose rouge de sang qui vient en se tordant
De la partie solitaire de la scène !
Elle se tord ! Elle se tord ! - Avec des angoisses mortelles
Les mimes deviennent sa pâture,
Et les séraphins sanglotent en voyant les dents du ver
Mâcher des caillots de sang humain. "

Le "Masque blafard", juste avant, pourrait être une phrase de Ligeia à Rowena : en effet, la blonde n'est que le déguisement (donc le "masque") de la brune. Ligeia se change en Rowena pour retrouver le narrateur : "De tout mon être je viens vers toi".

La question à propos de "peur du néant" et "pleurs d'enfant" sont ici une remarque de Mylène faite à Edgar Allan Poe, lui demandant d'où lui vient ce sombre attrait pour les histoires qui font peur et pleurer.
L'expression "Les larmes de tes tourments" renforce cette thèse.

Enfin, Mylène chante à nouveau le refrain et la chanson s'achève sur un "Toi" qui, par des effets sonores, dure plus longtemps.
Le "Toi" est donc, de cette façon, le coeur de la chanson, puisque Ligeia revient pour le narrateur.

Ainsi, Mylène joue sur les doubles (comme dans "Sans logique") et se glisse en Ligeia/Rowena pour donner sa propre version de l'histoire.

Pauvres poupées
Pauvres poupées
Qui vont qui viennent (Allan Allan)
Qui vont qui viennent (Allan Allan)
Pauvres fantômes
Pauvres fantômes
Etranges et blêmes (Allan Allan)
Etranges et blêmes (Allan Allan)
J'entends ton chant monotone
J'entends ton chant monotone
La nuit frissone (Allan Allan)
La nuit frissone (Allan Allan)
J'entends ton coeur fatigué
J'entends ton coeur fatigué
D'avoir aimé (Allan Allan)
D'avoir aimé (Allan Allan)

D'étranges rêveries comptent mes nuits
D'étranges rêveries comptent mes nuits
D'un long voyage où rien ne vit
D'un long voyage où rien ne vit
D'étranges visions couvrent mon front
D'étranges visions couvrent mon front
Tout semble revêtu d'une ombre
Tout semble revêtu d'une ombre
L'étrange goût de mort
L'étrange goût de mort
S'offre mon corps
S'offre mon corps
Saoûle mon âme jusqu'à l'aurore
Saoûle mon âme jusqu'à l'aurore
L'étrange Ligeria renaît en moi
L'étrange Ligeria renaît en moi
De tout mon être je viens vers toi !
De tout mon être je viens vers toi !

Masque blâfard
Masque blâfard
Tu meurs ce soir (Allan Allan)
Tu meurs ce soir (Allan Allan)
Masque empourpré
Masque empourpré
De sang séché (Allan Allan)
De sang séché (Allan Allan)
D'où vient ta peur du néant
D'où vient ta peur du néant
Tes pleurs d'enfant (Allan Allan)
Tes pleurs d'enfant (Allan Allan)
Qui sont les larmes
Qui sont les larmes
De tes tourments ? (Allan Allan)
De tes tourments ? (Allan Allan)

D'étranges rêveries comptent mes nuits
D'étranges rêveries comptent mes nuits
D'un long voyage où rien ne vit
D'un long voyage où rien ne vit
D'étranges visions couvrent mon front
D'étranges visions couvrent mon front
Tout semble revêtu d'une ombre
Tout semble revêtu d'une ombre
L'étrange goût de mort
L'étrange goût de mort
S'offre mon corps
S'offre mon corps
Saoûle mon âme jusqu'à l'aurore
Saoûle mon âme jusqu'à l'aurore
L'étrange Ligeria renaît en moi
L'étrange Ligeria renaît en moi
De tout mon être je viens vers toi !
De tout mon être je viens vers toi !

 
Publié par 7714 2 5 7 le 10 novembre 2007 à 12h28.
Ainsi Soit Je... (1988)
Chanteurs : Mylène Farmer

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Vos commentaires

Moni-Chan Il y a 14 an(s) 8 mois à 15:19
8690 3 3 5 Moni-Chan Bon la première a mettre un commentaire dommage car elle est vraiment belle cette chanson^^.Faudra que je me fasse le Concert 89 ^^.Merci encore ^^
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