On était deux cents à l'enterrement de Cornélius
N'en manquait pas un des vieux copains de Cornélius
Habillés de blanc pour l'enterrement de Cornélius
Le soleil cognait, joli mois de mai, pour Cornélius
Au bord du trottoir
Une bande de bavards
S'était rassemblée pour voir
Et c'est le laitier
Qui avait prĂȘtĂ©
Son chariot pour l'emporter
Couché prÚs de lui
On avait mis
Son saxophone
La veuve pleurait
Les gosses mĂąchaient
Des chewing-gums
Pour le déposer sur le chariot
OĂč l'attendait sa place
Les copains l'ont chargé sur le dos
Comme une contrebasse
C'est Ă ce moment
Qu' les instruments
S' sont mis Ă jouer,
Ă jouer en chemin
Tous les refrains
Du trépassé
On est parti sur le chemin
Plein de pierres, de trous, plein de chagrin
Qui conduisait au cimetiĂšre, oh oh
Au cimetiĂšre
Le défilé s'augmentait sans fin
Les enfants attirés par la musique
Et les vieillards qui ne pouvaient plus rien
Regardaient passer le défunt
Les lÚvres desséchées par la poussiÚre
On s'est arrĂȘtĂ© pour boire dans la montĂ©e
On est arrivé enfin au cimetiÚre
Le chariot nous y attendait
Quand on a mis Cornélius dans la terre
Son saxophone brillait tout prĂšs de lui
Et le pasteur alors nous a fait taire
En chantant son De profundis
En chantant son De profundis
Et l'on est reparti sur le chemin
Plein de pierres, de trous, plein de chagrin
Qui revenait du cimetiĂšre, oh oh
Du cimetiĂšre
La veuve qui ne pouvait plus marcher
Est r'descendue sur le char du laitier
Et nous, on a continué de jouer
Et de boire sans nous arrĂȘter
On a bu, on a bu toute la nuit
Dans la maison de la veuve endormie
Tant et si bien qu'au lever de l'aurore
Cornélius pour nous n'était plus mort
Cornélius pour nous n'était plus mort !
On était deux cents à l'enterrement de Cornélius
N'en manquait pas un des vieux copains de Cornélius
Quel bel enterrement que l'enterrement de Cornélius !
Quand j' quitterai la Terre, j' veux qu'on m'enterre comme
Cornélius !
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