Paroles de la chanson «La Piscine» par La Blanche

Tout est humide
Tout est humide
Tout est humide
Tout est humide

Tout est humide et – et ça sent la Javel
La propreté clinique a l’air sale – je me gèle.
Il est trop tôt, je me sens mal et je regrette
D’avoir promis sans réfléchir, je suis trop bête.
Pourquoi ai-je dit oui à ce que j’abomine ?
Pourquoi t’ai-je suivi, hein, à la piscine ?

À moitié nu dans la faïence froide,
J’ai risqué pour te plaire le rhube et la glissade.
Apollon de misère aux loisirs dérisoires,
J’ai souffert, sans espoir, tes lubies aquatiques.
Bagué comme un poulet et casqué de plastique,
J’ai surmonté la douche, le chlore et la panique.

Tu m’envoyais ensuite me noyer dans le trafic
De nageurs automates enchaînant les longueurs
Où je reçus des coups, des bleus et des critiques :
Ils me firent payer cher de n’être pas des leurs, oh
Puis des enfants sympathiques prirent d’assaut la piscine
Et me mêlèrent à leurs jeux de gorets hystériques

Sous les eaux bleu diaphane du bassin olympique,
Je suis certain ensuite – d’avoir subi un charme,
D’avoir vu des sirènes aux formes sinueuses
Me submerger d’œillades mouillées et aguicheuses.
Ces naïades presque à poil et – inopportunes,
Firent se tendre la toile de mon léger costume.

Prisonnier du désir, j’ai prolongé ma peine
Et juré dans la gêne de mon simple appareil,
Caché sous les flots bleus et, condamné à l’attente,
De te faire payer cher ce matin d’épouvante :
Notre amour est resté dans l’eau mêlée d’urine
Entre les lignes bleues au fond de la piscine

Entre les lignes bleues au fond de la piscine.