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Paroles de la chanson «La Croisée» par La Blanche

Une nuit que j’étais en panne d’argent – et de veine
Aux insignes comptoirs oĂč je crĂąne, je rumine et je sĂšme
Les chromes annonciateurs de ma prochaine ruine,
J’ai jouĂ© – et perdu – mes derniĂšres illusions
À une table de guigne – et aussi mon pognon.
Je me suis résolu, alors, à invoquer le sort,
Le Diable, les mĂąnes de la fortune
Et Ă  vendre mon Ăąme Ă  la lune.

C’est dans un bar de nuit appelĂ© la CroisĂ©e
Que j’ai tentĂ© le Diable, dĂ©sabusĂ©
Que j’ai tentĂ© le Diable

Une femme ondulante, soudain, s’est approchĂ©e.
Dans ma bouche bĂ©ante, mon souffle s’est coupĂ©.
Elle Ă©tait brune et belle comme un songe de bagne,
Une robe en dentelle – noire – sur son corps de cocagne.
« Mon Dieu, le Diable ! » fis-je, figé par le vertige
De la beautĂ© d’un diable urbain et callipyge.

Je reprenais haleine quand, serpentine et princiĂšre,
Elle fit « chut ! », hautaine et, d’un souffle de paupiĂšre
Les tisons bruts de ses prunelles me clouĂšrent sans mal,
Comme un papillon mort sur le papier mural.

C’est dans un bar de nuit appelĂ© la CroisĂ©e
Que j’ai croisĂ© le Diable, hypnotisĂ©,
Que j’ai croisĂ© le Diable.

Elle s’adressa Ă  moi sans dĂ©lai, Ă  la diable
En saisissant ma main qui gelait sur la table
Puis d’un Ɠil averti, narquois et polygame,
Elle demanda un prix pour ce que vaut mon Ăąme.

Gauche mais pragmatique, la voix blanche,
Je demandai du fric en Ă©change.
J’aurai pu demander de la gloire – ou des femmes –
Comme un genre de forfait pour le prix de mon Ăąme
Je n’ai pas osĂ©, je fus timide, lĂąche
Et ne demandai rien ce soir-lĂ  que du cash.

C’est dans un bar de nuit appelĂ© la CroisĂ©e
Que j’ai vendu mon Ăąme, hypnotisĂ©,
J’ai vendu mon ñme.

Le Diable scruta mon Ăąme, lentement, en expert
Puis annonça simplement : « trop cher ! »
J’insistai nĂ©anmoins, j’avoue assez surpris
De devoir marchander mon Ăąme comme un tapis
Mais d’un ton sans rĂ©plique, l’air bĂ©gueule,
Elle refusa d’un hic mon ñme d’homme seul.

Gigolo dérisoire rendu à ses chimÚres
Je partis dans la nuit pauvre, humble et solitaire
Gigolo dérisoire rendu à ses chimÚres
Je partis dans la nuit pauvre, humble et solitaire

C’est dans un bar de nuit appelĂ© la CroisĂ©e
Que j’ai su que le Diable, au petit matin,
Que j’ai su que le Diable est radin.
Est radin.
Est radin.
Le Diable est radin.

 
Publié par 36582 4 4 6 le 30 septembre 2021 à 6h48.
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