Quand les ombres du soir chevauchent sur la lande
Avec dans leurs passâports Sherwood ou BrocĂ©liande
Quand les elfes titubent sous l'alcool de sorgho
Dans les cercles succubes de la Lune en faisceaux
Quand les vents de minuit décoiffent les serments
Des amants sous les aulnes d'un hĂŽtel flamand
Quand tes visions nocturnes t'empĂȘchent de rĂȘver
& couvrent ton sommeil d'un voile inachevé
Je n'ai plus de mots assez durs
Pour te dire que je t'aime
Quand les chauves-souris flirtent avec les rossignols
Dans les ruines d'un royaume oĂč mon crĂąne est mongol
Quand les syndicats brûlent nos rushes & nos démons
Pour en finir avec le jugâment des salauds
Quand Humpty Dumpty jongle avec nos mots sans noms
Dans le bourdonnement des cĂąbles Ă haute tension
Quand tu m'offres Ă©puisĂ©e sous l'Ćil d'une opaline
Les charmes vénéneux de tes fragrances intimes
Je n'ai plus de mots assez durs
Pour te dire que je t'aime
Quand les théùtres antiques recÚlent nos orgies
Ăatal HoyuÌk Airport / Manco Capac City
Quand nos murs se recouvrent de hiéroglyphes indiens
Avec nos voix blafardes en feedback au matin
Quand tes mangoustes viennent avaler mes couleuvres
Dans ces nuits tropicales oĂč rugit le grand Ćuvre
Quand l'ange anthropophage nous guide sur la colline
Pour un nouveau festin de nos chairs androgynes
Je n'ai plus de mots assez durs
Pour te dire que je t'aime
Quand les clochards opposent la classe & l'infini
à la vulgarité glauque de la bourgeoisie
Quand les valets de cour / plaideurs pusillanimes
Encombrent de leurs voix nos silences & nos rimes
Quand aux détours d'un bar tu flingues aux lavabos
Quelque juge emportant ma tĂȘte sur un plateau
Quand tu branches les hélices de ma mémoire astrale
Sur les capteurs-influx de ta flamme initiale
Je n'ai plus de mots assez durs
Pour te dire que je t'aime
Quand les traces de Rorschach sur la tÎle ondulée
Servent aux maßtres à tester l'autochtone humilié
Quand sur la Moleskine des limousines en liesse
Ils en rient en fumant la mucho cojones
Quand les cris de l'amour croisent les crocs de la haine
Dans l'encyclopédie des clameurs souterraines
Quand je rentre amoché / fatigué / dézingué
En rĂȘvant de mourir sur ton ventre mouillĂ©
Je n'ai plus de mots assez durs
Pour te dire que je t'aime
Quand dans la lumiÚre sale d'un miroir tamisé
Tu croises l'Ćil Ă©phĂ©mĂšre d'une salamandre ailĂ©e
Quand dans les brumes Ă©tales de nos corps transparents
Tu réveilles mes volcans lumineux du néant
Quand mes pensées confuses s'éclairent au magnésium
Sur les écrans-secrets de ton Pandémonium
Quand mes bougainvillĂ©es se mĂȘlent aux herbes folles
Dans ta chaleur biguine au crépuscule créole
Je n'ai plus de mots assez durs
Pour te dire que je t'aime
Quand les ombres du soir poursuivent sur la lande
Le flash des feux arriĂšres d'une soucoupe volante
Quand le soleil se brûle aux contours de tes reins
Parmi les masques obscurs d'un carnaval romain
Quand l'ordre des humains nous sert dans son cocktail
5 milliards de versions différentes du réel
Quand tu pleures essoufflée au creux de ma poitrine
Avec les doux murmures des fréquences féminines
Je n'ai plus de mots assez durs
Pour te dire que je t'aime
Je n'ai plus de mots assez durs
Pour te dire que je t'aime
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