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Paroles et traduction de la chanson «La Corrida» par Francis Cabrel

Depuis le temps que je patiente
Dans cette chambre noire
J'entends qu'on s'amuse et qu'on chante
Au bout du couloir ;
Quelqu'un a touché le verrou
Et j'ai plongé vers le grand jour
J'ai vu les fanfares, les barrières
Et les gens autour

Dans les premiers moments j'ai cru
Qu'il fallait seulement se défendre
Mais cette place est sans issue
Je commence à comprendre
Ils ont refermé derrière moi
Ils ont eu peur que je recule
Je vais bien finir par l'avoir
Cette danseuse ridicule...

Est-ce que ce monde est sérieux ?
Est-ce que ce monde est sérieux ?

Andalousie je me souviens
Les prairies bordées de cactus
Je ne vais pas trembler devant
Ce pantin, ce minus !
Je vais l'attraper, lui et son chapeau
Les faire tourner comme un soleil
Ce soir la femme du torero
Dormira sur ses deux oreilles

Est-ce que ce monde est sérieux ?
Est-ce que ce monde est sérieux ?

J'en ai poursuivi des fantômes
Presque touché leurs ballerines
Ils ont frappé fort dans mon cou
Pour que je m'incline
Ils sortent d'où ces acrobates
Avec leurs costumes de papier ?
J'ai jamais appris à me battre
Contre des poupées

Sentir le sable sous ma tête
C'est fou comme ça peut faire du bien
J'ai prié pour que tout s'arrête
Andalousie je me souviens
Je les entends rire comme je râle
Je les vois danser comme je succombe
Je pensais pas qu'on puisse autant
S'amuser autour d'une tombe

Est-ce que ce monde est sérieux ?
Est-ce que ce monde est sérieux ?

Si, si hombre, hombre
Baila, baila

Hay que bailar de nuevo
Y mataremos otros
Otras vidas, otros toros
Y mataremos otros
Venga, venga a bailar...
Y mataremos otros

________
Cette chanson est une dénonciation de la tauromachie. Ici, Francis Cabrel se met à la place d'un taureau lors d'une corrida. Il décrit tout ce qui s'y passe, de l'attente dans le couloir noir à la mort tout en passant par les diverses tortures subies par l'animal. La musique commence tout doucement puis démarre vraiment lors du second couplet, amplifiant la sensation étrange de se mettre à la place du taureau.

Dans le premier couplet, un taureau, seul dans un endroit sombre, s'impatiente en entendant les voix joyeuses au bout du couloir, quand quelqu'un ouvre la barrière, il se rue dehors, frustré. Il sort d'un endroit désert et lugubre pour entrer directement dans un monde festif et lumineux. Il découvre alors un monde qu'il ne connait pas et qui lui semble potentiellement dangereux.
Dans le second couplet, face au toréador il pense qu'il lui faut simplement se défendre mais aucune issue n'est envisageable. Il comprend donc qu'il est piégé et qu'il lui faudra aussi attaquer. Par fierté, il décide donc de se battre et se prépare à combattre le toréador qu'il qualifie de "danseuse ridicule", de part son allure et son attitude.
Dans le troisième couplet, il se souvient de son pays natal, l'Andalousie où il paissait tranquillement dans de grandes prairies en liberté. Ce souvenir amplifie son orgueil et lui redonne du courage. Il projette donc d’attraper le toréador et de le faire valser "comme un soleil". Il pense à la femme du torero qui cette fois-ci dormira sur ses deux oreilles.
Dans le quatrième couplet, après des heures de lutte acharnée n'ayant que pour compensation, de simples effleurements, le taureau reçoit un coup de pique par surprise dans le cou et commence à tituber. Complètement étonné, il dit qu'il n'a pas eu l'habitude de se battre contre des "poupées". Ce qui est normal puisqu'il n'a eu à faire, jusqu'à lors, qu'à d'autres adversaires, robustes et fonceurs (les taureaux), non pas habiles et sournois (tels que les toreros). La musique à cet instant là est plus théâtrale et souligne la mise mort du pauvre animal.
Dans le cinquième couplet, le taureau s'effondre sur le sable et exprime son soulagement car il a prié pour que tout s'arrête : "c'est fou ce que ça peut faire du bien, j'ai prié pour que tout s'arrête[... ] ". De vagues souvenirs d'Andalousie le submerge : Il agonise. Tandis qu'il râle, il entend les rires de ses bourreaux et lorsqu'il sombre progressivement vers la mort, il les voit danser autour de lui. Avec un brin d'ironie, il s'étonne qu'on puisse autant s'en amuser.
"Est-ce que ce monde est sérieux ?"cette phrase qui est en fait le refrain de la chanson, est chantée entre chaque couplet. Par cette phrase Francis Cabrel cherche à nous faire prendre conscience de la mesquinerie et de lâcheté qui règne lors d'une corrida. Cette phrase est donc répétée deux fois de suite à la fin du cinquième couplet, engageant une conversation (en espagnol) entre Francis et un Espagnol (peut être un toréador). L'homme est joyeux et l'invite à danser, à célébrer la "prouesse" du torero, Francis, lui, n'a pas le cœur à la fête et pense aux autres vies sacrifiées pour le plaisir des adeptes de la corrida.

Il se pourrait que cette chanson ait un deuxième sens bien plus profond que le premier. En effet, ce sens-là pourrait illustrer les pensée d'une personne solitaire marginale, étrangère à une société qu'elle ne comprend pas et qui la détruit petit à petit.

Cette personne pourrait être n'importe qui : un immigré (comme Francis l'a été ) arrivant dans un pays qu'il ne connait pas, dont les traditions si différentes de son milieu d'origine l'effraie. Elle pourrait aussi être un personne inadaptée à une société, (ancien prisonnier, handicapé etc... ), un adolescent esseulé curieux de découvrir un nouveau monde mais que ce dernier utilise à ses fins et tente de le détruire dès qu'il se rebelle etc... Cette deuxième explication n'est nullement un appel à la rébellion, c'est plutôt une tentative de compréhension de deux idéologies ou peut-être cultures qui s'affrontent, dont l'une est rabaissée par l'autre.
Le premier couplet parlerait en premier lieu de la solitude éprouvée par cette personne, longue, sombre, loin de tout bruit. Cette solitude prends fin lorsqu'il décide d'en sortir afin d'affronter le monde qui l'entoure. La phrase "Quelqu'un à touché le verrou" peut représenter le déclic qui l'a poussé à sortir de son monde. On peut déceler une certaine hâte vers la fin de premier couplet qui peut tout à fait correspondre à une pulsion, le participe passé plongé étant certainement choisi pour cela. Dans un second lieu, le premier couplet peut aussi représenter une personne sortant de son cocon, tel un nouveau-né sortant du ventre de sa mère observant le monde à travers la brume de sa myopie et entendant vaguement les exclamations des personnes l'entourant.
Le deuxième couplet représenterai la découverte de ce nouveau monde, ce dernier étant représenté comme un piège dont on ne peut en sortir. Le seul moyen plausible serai certainement de se débarrasser de la personne la plus haute de cette société, celle qui semble en tirer les ficelles et ainsi se sentir de nouveau en sécurité. Ce couplet fait ressortir une certaine arrogance, une fierté à toute épreuve.
Le troisième couplet résume les souvenirs de la personne opprimée qui trouve la force d'affronter le dirigeant de la société, dans ce qu'il a de plus précieux : sa culture. Car en fait nous avons tous une culture qui nous est propre, c'est-à-dire une culture forgée dans ce que nous avons vécu et appris tout au long de notre existence et qui nous sert de bouclier contre les agressions extérieures, celles qui remettent en cause nos jugements.
Le quatrième couplet représenterai le combat de cette personne, les fantômes représentant les illusions qui s'évaporant laisse place à un douloureux sentiment de trahison, de perdition laissant place à l' incompréhension puis au désespoir. Cette personne abandonne face à ses adversaire qu'elle ne connaissait pas suffisamment pour leur tenir tête.
Le cinquième couplet représente le repos de cette personne suite à son abandon.
Le sixième couplet représente l' amertume de cette personne face à des adversaire se délectant de son échec.
Le refrain résume la pensée de la personne, cette pensée teintée d'interrogations, d'incompréhension qui laisse deviner que cette société nouvelle est en quelque sorte un cirque interminable ou les gens tournent en rond sans comprendre que leur cruauté teintée de joie sauvage se mêle aussi a une crainte celle de la différence.

 
Publié par 9253 3 4 7 le 22 juin 2006 à 22h23.
Samedi Soir Sur La Terre (1994)
Chanteurs : Francis Cabrel

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Vos commentaires

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*S*H*I*N*Y* Il y a 16 an(s) 10 mois à 23:07
9253 3 4 7 *S*H*I*N*Y* C'est normal catwoman1165 on a pas le droit de mettre une chanson et/ou une traduction entière sur le site normalement alors j' essaye de respecter cette règle.
catwoman-cherry Il y a 16 an(s) 10 mois à 00:09
8452 3 3 7 catwoman-cherry Site web merci Nava je vais tacher de respecter moi aussi cette regle ;-)
rory Il y a 16 an(s) 8 mois à 15:39
5947 2 3 6 rory Bon boulot Nova ! quand je l'ai écouté je l'ai compris comma la deuxièème version de l'explication.J'ai pensé à un nouveau né ki est confronté à la dure réalité de ce monde, je me suis dite ke la "danseuse ridicule" c'est tous les obstacles kil rencontre et dont il tente de venir à bout.
Cocci797657 Il y a 15 an(s) 5 mois à 20:05
5206 2 2 3 Cocci797657 Salut j'ai suivi avec intéret vos remarques
simple question: avez-vous déjà assisté à ce genre de spectacle ??
pacha69 Il y a 11 an(s) 5 mois à 20:38
5192 2 2 3 pacha69 je trouve beaucoup de sens à ces paroles quand je considère les relations sociales. à 30 ans winner (dans les premiers moments j'ai cru)puis victime des danseuses ridicules (manipulateurs menteurs en tous genres)devenu loser (cette place est sans issues).
est-ce que ce monde est sèrieux ?
Rameroum22 Il y a 8 an(s) 5 mois à 13:02
5231 2 2 4 Rameroum22 J'ai une question quelle tonalité ou registre se dégage de cette chanson ?
Denis Yama Il y a 5 an(s) 4 mois à 00:51
6016 2 3 5 Denis Yama Pas besoin de chercher une allégorie, le point de vue d'un animal est suffisamment précis et rare pour ne pas chercher un autre sens. Ce qui n’empêche pas de réfléchir à toutes les formes de domination mais ce n'est pas le sujet de la chanson et rien ne permet de le penser à par le désir de le croire et une bonne dose d'imagination.
Denis Yama Il y a 5 an(s) 4 mois à 15:00
6016 2 3 5 Denis Yama J'ajouterai que c'est faire insulte à cette chanson que de vouloir faire de la victime un être humain, alors que c'est le bourreau qui en est un. La magie de cette chanson est qu'on s'identifie à la victime animale même si on ne l'a jamais fait par soi-même, car on ignore que c'est un animal au départ. les mots "taureau", "corrida", et le champ lexical qui vont avec en sont absent, et rien n'est dit explicitement, afin qu'on devine de quoi ça parle. Une fois qu'on a deviné, inutile de nier le message à l'aide d'une allégorie : ça parle de la cruauté du singe envers l'animal.
Denis Yama Il y a 5 an(s) 4 mois à 15:15
6016 2 3 5 Denis Yama PS : Pour le champ lexical... jusqu'à la phrase "Ce soir la femme du torero Dormira sur ses deux oreilles" qui permet enfin de comprendre que la personne à qui on s'est identifiée n'est pas un être humain.
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