Depuis des décennies, les tribunes belges résonnent de refrains qui traversent les générations. À Bruxelles, Liège, Bruges ou Gand, chaque club cultive sa propre culture vocale. Bien souvent, ces chants sont inspirés de mélodies populaires, de tubes des années 80 ou de refrains folk, adaptés avec des paroles qui mêlent fierté régionale, provocation bon enfant et passion dévorante pour le football. On note d'ailleurs que le pari tennis en direct s’inscrit dans cette culture de l’instant, aussi vibrante et rythmée qu’un chant de supporters entonné à l’unisson. Mais revenons à nos moutons. L’un des exemples les plus emblématiques reste « We are the Champions » de Queen, devenu un classique dans tout le pays après chaque victoire. Mais en Belgique, le vrai cœur du chant de supporter se trouve dans les créations locales. Ainsi, au Standard de Liège, le fameux « Allez les Rouges » entonné en chœur crée une atmosphère unique, presque liturgique.
Les ultras belges jouent un rôle déterminant dans la préservation et l’évolution de ce patrimoine sonore. À Anderlecht, le Mauves Army 2003 impulse la dynamique vocale du Lotto Park, proposant régulièrement de nouveaux chants, parfois même composés sur mesure. Ces créations sont diffusées via les réseaux sociaux, reprises en vidéo, et s’inscrivent ensuite dans la mémoire collective des fans.
Le Club Bruges n’est pas en reste, avec des hymnes comme « Blauw en Zwart » chanté sur des airs festifs, repris à l’unisson dans tout le stade Jan Breydel. Ces chants ne sont pas seulement des outils de motivation : ils créent un sentiment d’appartenance, de fierté locale, et forment un langage commun qui dépasse les origines sociales ou linguistiques.
Nombre de chants des tribunes belges trouvent leur origine dans le répertoire populaire ou dans des tubes de variété internationale. Le tube italien « Bella Ciao » a ainsi été adapté dans plusieurs stades, tout comme « Freed from Desire » de Gala, dont le refrain a été détourné pour encenser certains joueurs (« Nainggolan’s on fire, your defense is terrified! » a notamment été chanté lors de l’Euro 2016).
Ces reprises donnent aux tribunes une tonalité joyeuse, presque festive, qui contraste avec l’image parfois trop stricte du football moderne. Et dans un pays aussi pluriel que la Belgique, elles jouent un rôle d’unificateur culturel, réunissant Flamands, Wallons et Bruxellois autour de la même passion.
Les Diables Rouges bénéficient eux aussi de ce riche héritage musical. Lors des grandes compétitions, les supporters belges se distinguent par leur inventivité vocale. À l’Euro ou au Mondial, on entend des chants comme « Tous ensemble », « I Love Belgium » ou encore des versions réécrites de chansons connues à la gloire d’Eden Hazard ou Kevin De Bruyne.
Le titre « Le monde est à nous » de Typh Barrow, hymne non officiel des Diables pendant l’Euro 2020, a montré à quel point la musique et le football sont étroitement liés dans l’imaginaire belge.
Les chants ne sont pas figés : ils évoluent, disparaissent parfois, puis renaissent. Ils accompagnent les grandes heures d’un club ou d’une sélection, mais aussi ses moments les plus sombres. Ils racontent des histoires, des légendes, des épopées. Ils sont transmis de père en fils, de copain en copain, et même sur les bancs d’école.
Dans les virages, certains chants n’ont besoin d’aucun chef d’orchestre : ils surgissent spontanément, portés par la mémoire collective. C’est ce qui les rend si puissants. Ils ne sont pas écrits sur une partition, mais dans les cœurs.
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