Elle nous met un voile sur les yeux
Pour ne pas nous incommoder
La pauvreté
Elle est sans doute trop bien élevée
MĂȘme les jours oĂč elle nous en veut
La pauvreté
Et nous ne demandons pas mieux
Que d'avoir ce voile sur les yeux
Et d'avancer
Sur notre avenue de fortune
Le regard levé vers la lune
Sans s'arrĂȘter
Elle nous contourne l'air gĂȘnĂ©
Elle ne voudrait pas nous freiner
La pauvreté
Mais voilĂ , puisqu'il faut manger
Parfois elle doit se résigner
Ă nous parler
Mais nous n'entendons pas un son
Nos oreilles filtrent sa chanson
Sourde, et usée
Ce qu'elle nous chante est impossible
Les mots de sa bouche, illisibles
Et si quelqu'un les déchiffrait
Si l'humanité existait
On ne pourrait pas supporter
Heureusement elle n'existe pas
Et on peut vivre toute sa vie
Sans jamais entendre sa voix
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